Article paru dans US Magazine, supplément au n° 673 du 25 octobre 2008 Dossier « Libérer son travail, agir sur son métier »

Restaurer son pouvoir d’agir

La crise des métiers de l’enseignement qui gagne partout aujourd’hui est une crise de réalisation, d’effectuation du travail. Elle tourne autour de la question que se posent quotidiennement de plus en plus de professionnels : « Comment faire ce que je dois faire, que j’ai envie de faire, qu’on me dit que je dois faire, que je me dis de faire et que je n’arrive pas à faire ? »

Attentes contradictoires

Car les contraintes pesant sur l’activité d’enseignement et compliquant son exercice se sont multipliées : attentes des familles et attentes sociales contradictoires, contenus des programmes et apprentissages, pressions de l’administration, prescriptions de plus en plus normalisées, organisation des établissements, conditions de travail, etc. Ces contraintes sont alourdies par la diversité des comportements scolaires des élèves.

La quasi-disparition des lieux qui permettaient de débattre ou même simplement d’échanger sur le métier – formation continue, réunions pédagogiques…– a distendu les liens entre professionnels au moment où il aurait fallu les renforcer. Ces liens sont constitués de manières de faire, de concevoir son travail, de buts communs, de valeurs partagées, définissant un patrimoine commun – des genres professionnels dans lesquels les professionnels du second degré se sont, historiquement, reconnus.

Aujourd’hui, ces genres sont en crise, les désaccords sur les questions de métier se sont amplifiés.

En fin de compte, les professionnels de l’enseignement ont le sentiment d’être abandonnés à eux-mêmes, sans même le recours de choix partagés avec les collègues, face à des prescriptions elles-mêmes de moins en moins pertinentes pour faire du « bon travail », voire pour pouvoir simplement faire son travail. Et pourtant, ils essayent d’accomplir leur métier « malgré tout », en cherchant des compromis complexes entre des exigences contradictoires. Dans le cours quotidien de leur activité, les professionnels sont pris dans des « conflits de critères » nécessitant des arbitrages permanents et multiples. Quelques exemples pris chez les professeurs : à un moment du cours, s’adresser à toute la classe, à un élève, à quelques élèves, peut devenir incompatible et rendre difficile la poursuite du cours ; la recherche de l’écoute collective peut s’opposer à l’activité propre de chaque élève ; la poursuite du programme peut gêner une véritable construction des connaissances ; les objectifs d’acquisition de savoirs, de réflexivité et de compétences peuvent entrer en contradiction avec des modalités et des contenus d’apprentissages prescrits ou avec la fragmentation du temps scolaire.

En fin de compte, dans leur travail, les professionnels de l’enseignement sont toujours davantage pris au piège de situations où s’opposent entre eux les objectifs à atteindre.

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