Depuis des années, en collège comme en lycée, différentes messageries numériques ont été mises entre les mains des élèves, des parents, des personnels sans aucun cadre ni formation.
Les épisodes de confinement, la « continuité pédagogique » improvisée, une pression accrue sur les résultats scolaires générale, mais accentuée en lycée par le contrôle continu imposé en première et terminale et le fonctionnement de parcoursup… ont percuté les pratiques pédagogiques et les relations de confiance qui se construisaient entre l’enseignant et une classe.
Tels sont les ingrédients qui dans de nombreux établissements créent ou aggravent des situations de difficultés nouvelles. Les collègues les affrontent trop souvent seuls et sans soutien de la hiérarchie qui ignore, ne mesure pas ce qui se passe ou le nie. Et une organisation du travail dysfonctionnel abouti à des mises en causes vécues personnellement ou de la culpabilisation.
La section syndicale d’un lycée du Val-de-Marne a su se saisir du travail réel et concret, dans un cadre collectif, pour le porter devant sa direction et la contraindre à agir.
Les militant-e-s SNES-FSU d’un lycée du Val-de-Marne relatent leur action :
Contexte :
Nous avons constaté de nombreuses et virulentes discussions à propos des mails des élèves et des parents. Celles-si étaient éparpillées, avaient lieu au cours des pauses déjeuner ou bien lors des récréations. Les collègues mentionnaient notamment le fait d’être débordés par les trop nombreux mails. Le caractère agressif de certains messages, qu’ils émanent des parents ou des enfants, étaient aussi évoqués. De plus, les heures tardives auxquelles ils étaient écrits puis envoyés contribuaient à donner aux enseignant.es du lycée, puisqu’on attendait d’eux qu’ils y répondent instantanément, l’impression de ne jamais quitter leur lieu d’exercice ce qui renforçait leur sentiment d’inquiétude.
Action collective :
Lors d’une heure d’info syndicale, nous avons fait le point sur le fonctionnement du lycée, la rentrée etc. La proposition a été faite lorsque ce sujet a été évoqué, d’imprimer les mails reçus depuis la rentrée. Il s’agissait de rendre concret ce qui était évoqué par les collègues et de pouvoir rendre palpable un sentiment, de quantifier aussi ce que les collègues évoquaient. Cela nous a semblé le meilleur moyen de matérialiser le mal-être enseignant lié à la réforme et à ses conséquences surtout. Ensuite, a été prise la décision d’amener au chef -par délégation des élus du CA – ces mails et de lui imposer de répondre aux parents et aux enfants. S’en est suivi un long mail de notre direction aux parents et aux élèves sur le droit à la déconnexion et sur le ton à employer lorsqu’on s’adresse à un fonctionnaire d’État en mission de service public. Un certain nombre de décisions a été pris aussi concernant le contrôle continu (qui était évidemment à l’origine de la plupart de ces écrits). Nous avons ensuite pris collectivement la décision de transférer automatiquement les mails de cette nature à notre chef quand nous en recevions.
Leur nombre s’est réduit depuis et nous sommes plus tranquilles, moins inquiets.
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