Témoignages

Sur le terrain, les AESH ne ménagent pas leurs efforts, malgré les contraintes.

Katia, AESH en collège

« Il y a toujours un stress ou une inquiétude lorsqu’un enseignant découvre à la rentrée qu’il a une AESH dans sa classe, un autre adulte qui va peut-être le juger ou mal se positionner. Mais lorsque tout se passe bien, le retour que j’ai c’est que bien au contraire la présence de cet autre adulte apporte aussi du calme et de la sérénité. Une enseignante dans une classe difficile m’a dit un jour que ma présence en tant qu’AESH l’avait même rassurée de ne pas être seule dans cette classe avec quelques élèves difficiles. Le duo enseignant-AESH est aussi enrichissant car ce qu’on adapte pour l’élève porteur de handicap bénéficie souvent aux autres élèves en difficulté. L’adaptation des documents et cours pour élèves déficients visuels peut ainsi aider les élèves dyslexiques de la classe qui eux n’ont pas toujours une aide humaine. »

Catherine, AESH en lycée professionnel

« Comme tout métier, être AESH peut être compliqué puisque nous travaillons avec de l’humain mais c’est également source de satisfactions au quotidien.
La variété de nos missions nous permet d’être attentives, bienveillantes, ouvertes aux autres mais également curieuses intellectuellement car nous abordons avec nos élèves une grande variété de sujets au cours de la journée et d’une année sur l’autre.Nous devons nous adapter au mode de fonctionnement de l’établissement, de la classe, des professeurs et bien sûr aux élèves que nous accompagnons. C’est parfois le plus difficile mais quel plaisir d’avoir en retour un clin d’œil complice d’un enseignant, un grand sourire de notre élève.

Au cours de l’année, nous pouvons voir évoluer nos élèves, grandir, gagner en autonomie, s’ouvrir, aller vers les copains et vers l’équipe éducative. Quand ils franchissent les barrières du handicap, ils interviennent en classe, s’intègrent et travaillent en groupe, dialoguent avec leurs pairs, veulent être délégué de classe. Tout cela donne une énergie inestimable. »

Virginie, AESH référente à Paris

« En quoi consiste ta mission d’AESH référente et quelles en sont les limites ? »
« Ma mission consiste à apporter un appui méthodologique à mes pairs, et notamment aux nouvelles recrues. Cela passe par la présentation de l’institution, celle des missions d’accompagnement, par l’écoute et les conseils professionnels. Il faudrait que cette mission soit connue des ­accompagnants, des pilotes de PIAL*, des chefs d’établissement et des enseignants ! De plus, l’absence de qualification diplômante liée à cette mission illustre le manque de volonté ministérielle de professionnalisation des AESH qui ne bénéficient pas non plus d’une formation initiale et continue correspondant à leurs missions. »

Un métier qui se définit dans l’action

La formation initiale et continue est insuffisante pour ne pas dire inexistante. Les missions, encadrées par une circulaire de 2017, restent vagues et ne sont pas adossées à un référentiel partagé. C’est une des conséquences du renoncement constant des gouvernements successifs à engager une réelle professionnalisation des AESH. Il en découle l’insuffisance du quasi-statut élaboré en 2014 et qui n’a toujours pas évolué. Pour autant, le métier se construit malgré tout, plus ou moins à tâtons, dans la pratique quotidienne.

Comme il l’a toujours fait dans de telles circonstances (CPE, Profs Docs, Psy-ÉN…), le SNES-FSU s’empare de cette construction en permettant aux collègues de mener leur réflexion, de faire valoir leur expérience, de la confronter aux exigences et aux manques de l’institution, et ­surtout, en menant une action résolue pour rassembler le maximum d’AESH et les mobiliser.

De quoi a-t-on besoin pour développer la relation AESH-professeur ?

De (re)connaissance : AESH et professeurs ont besoin de se connaître. La répartition des rôles doit être discutée et réfléchie pour prévenir les déséquilibres, les tensions. Cela signifie que l’un comme l’autre doivent connaître et reconnaître la part d’expertise de l’autre.

De formation : la formation initiale et continue des AESH est très insuffisante. Celle des professeurs aux problématiques de l’inclusion et du handicap l’est tout autant. L’objectif de développer une relation professionnelle complexe nécessite des formations communes aujourd’hui quasiment inexistantes.

De temps : l’objectif de l’accompagnement est le développement de l’autonomie de l’élève. Professeur et AESH doivent donc placer le devenir de l’élève au centre de la réflexion et de leur pratique. Cela implique que le binôme AESH-professeur doit pouvoir se concerter, s’entendre pour agir ensemble et donc préparer une action en commun, partager l’analyse des situations (d’apprentissage notamment) et faire le point régulièrement. Des outils spécifiques peuvent être utilisés, comme le cahier de liaison ou une évaluation de l’accompagnement écrite à deux mains, mais ils ne peuvent totalement remplacer les temps de travail en commun.

La mutualisation des moyens, notamment au sein des PIAL, est un obstacle à la réalisation formelle et instituée de ces temps « d’inter-métier ». Rien n’est prévu pour le professeur qui peut avoir à gérer plusieurs relations avec plusieurs AESH dans plusieurs classes. Du côté de l’AESH, le temps de travail pris en compte pour les activités connexes ne permet pas d’installer cette relation avec chacun des professeurs des élèves accompagnés. Il est donc nécessaire de développer et d’institutionnaliser ces temps, aussi bien dans le service des professeurs que dans celui des AESH.

Face à un gouvernement qui ne prend pas la mesure des besoins en termes de reconnaissance, de formation, de professionnalisation, la mobilisation de l’ensemble des personnels est une nécessité. Les réponses institutionnelles sont attendues par les personnels qui se mobilisent depuis des mois et continueront de le faire, avec l’appui et le soutien du SNES-FSU.

A retrouver dans l’US Mag d’avril 2021 en ligne

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