« Sur pronote il y a un petit symbole, on doit cliquer dessus. »
« Comment avez-vous concrètement connaissance des informations sur les aménagements que vous avez à faire pour des élèves à Besoins Educatifs Particuliers ? » A cette question, la première réponse qui fuse, de Carole, est « Il y a le P.A.P. sur pronote. », confirmée par Benoît : « Ah oui, c’est vrai ; il y a une case. Sur pronote il y a un petit symbole, on doit cliquer dessus ». Mais, plus tard, il ressort que dans le collège de Virginie c’est différent « Alors nous, le jour de la prérentrée, on reçoit un mail de la principale ajointe qui nous envoie les vingt-cinq P.A.P. ». Les autres participant-e-s s’étonnent et lui demandent des précisions. Vingt cinq est une estimation, la collègue a six classes, pas moins de 3 élèves avec un PAP ou un PAI pour quelques-uns, par classe et jusque 5 maximum. Les participant-e-s se sont interrogé-e-s sur le temps et l’organisation que cela devait demander à la direction mais sans avoir de réponse. Carole, TZR souvent sur deux établissements, évoque encore une autre manière de faire : « A la prérentrée, dans l’un des établissements, on était tous réunis : « Alors en 6ème 1 Machin il a ça, ça et ça ». Et en fait tu prenais des notes. Ça nous a pris une demi-heure. Et du coup je me suis trompée : il y en a un que j’ai noté comme dyslexique alors que pas du tout. « Tu as besoin d’un cours à trous ? -Ben, non ! » . » Mais la nature des documents accessibles varie aussi, quelquefois dans un même établissement. Les collègues évoquent les grilles qui listent les aménagements possibles avec les croix qui indiquent ceux qui sont à mettre en place dans certaines matières ou dans toutes. « Mais des fois c’est juste la prescription de l’orthophoniste qui est scanné. » évoque Benoît. « Ce sont des cases écrites à la main avec les observations de l’ancien professeur principal, du médecin scolaire… ça a été scanné en fait. » précise Virginie qui elle les a reçus par mail, rappelons le. Et elle ajoute, en réponse aux précisions qui lui sont demandées, sur la présence des comptes rendus des ESS dans ce qu’elle reçoit: « Oui, cela fait à peu près six pages par élève. »
Avec qui échanger ?
En dehors des ESS, auxquelles certain-e-s participent s’ils ou elles sont professeur-e-s principaux/ales, aucune réunion d’équipe, pluriprofessionnelle ou non, spécifique n’est évoquée. Les échanges mentionnés au sujet de ces élèves sont informels, et ne portent pas non plus sur les cas particuliers. Benoît qui travaille dans un collège REP+ : «Au collège on a deux collègues qui sont un peu spécialistes des « dys », de l’adaptation. De temps en temps, en concertation, qui n’est pas obligatoire, mais enfin qui est quand même un peu obligatoire chez nous, ces collègues nous présentent des choses à « suivre », à « faire », des « bons modèles ». Souvent c’est sur l’adaptation, le repérage sur certains élèves à besoins particuliers. Ça se sait dans le collège que certains sont spécialistes de ça… mais voilà, on ne sait pas plus comment nous devrions faire. » Carole lui demande : « Mais ils ne vous donnent pas des outils, des idées, des trucs ? Sans être pédants. » Réponse : « C’est l’une de mes voisines de classe. Parfois elle me dit « Tiens, je pourrais venir te montrer. » » Anne qui est la seule à exercer dans l’Aube découvre que les collèges des autres départements n’ont pas de référent dyslexie, mission qui lui avait été confiée dans son établissement. Aux questions que cela suscite, elle répond : « Personne ne voulait le faire. Donc le principal m’a nommée référente dyslexie. J’ai eu des formations et on m’a demandé de former les collègues. J’ai dit non. Je n’avais aucune indemnité et je ne suis pas formatrice. Mais ils nous ont donné des petits fascicules pour l’adaptation que j’ai distribués aux collègues et après ils en font ce qu’ils veulent. Mais dans l’Aube on est pionnier dans le domaine [ton ironique]. » Plus tard dans les échanges Carole revient sur le sujet: « Dans l’un de mes établissements, pour une élève que j’ai en ULIS, j’en parle avant avec son A.V.S. et avec la coordinatrice ULIS. Je lui montre et elle me dit oui ou non. »
Faire avec ?
Quand les collègues décrivent ces modes d’information et de fonctionnement, ils ne se plaignent pas, c’est un constat. Dépit ou résignation percent dans le ton quelquefois, mais ces manières de trouver les informations qui d’ailleurs peuvent changer d’une année sur l’autre, on été intégrées. Ils s’étonnent tout de même de la grande variété d’un établissement à l’autre et de des formes qui paraissent encore moins efficaces comme la prise de notes sous la dictée. Mais ils « font » avec, du moins ils essaient. Toutefois, les échanges du collectif permettent à cette demi-douzaine de collègues tous d’établissements différents, sur plusieurs départements, de prendre conscience que, dès, le départ, les professionnel-le-s ne sont pas beaucoup aidé-e-s pour prendre la responsabilité des aménagements qu’on leur demande de mettre en place.
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